Monday, March 27, 2017

Homélie du lundi, 27 mars 2017– de la férie

Lundi de la 4ème semaine de carême

Lectures du jour: Isaïe 65:17-21; Psaume 29 (30): 2a, 3-4, 5-6, 9, 12a, 13cd;  Jean 4:43-54

« Un ciel nouveau et une terre nouvelle » : Cette promesse de notre Seigneur, dite à travers le prophète Isaïe, nous semble t-elle pas un peu fantastique ? On sait que la prophétie Isaïe n’a jamais été entièrement réalisée, au moins littéralement. On connaît toujours diverses formes de souffrance dans notre monde ou même dans notre propre expérience. On connait dans notre monde la pauvreté extrême, la maladie, des souffrances à cause des actes de violence dans le monde, et ainsi de suite.

Connaît-on alors quelques (ou plusieurs) personnes pour lesquelles ceci est une question presque sans résolution : pourquoi Dieu permet-il la souffrance dans le monde ? C’est peut-être l’un des arguments les plus fréquents contre l’existence de Dieu. Cependant, même parmi les fidèles les plus fortement croyants en Dieu, ne retrouve-t-on pas plusieurs personnes qui croient surtout en un Dieu de signes subites, qui a le pouvoir de guérir ou de relever de la mort immédiatement ? Ce n’est pas faux de penser ainsi à Dieu. Notre Dieu est certainement capable d’agir ainsi, par de merveilleux miracles ou signes.

Nous entendons dans notre Évangile d’aujourd’hui, de Saint Jean, à propos d’un tel incident de signe subite, où Jésus guérit le fils du « fonctionnaire royal » de Capharnaüm sans avoir même besoin d’être dans la pièce avec l’enfant malade.

« Va, ton fils est vivant ». Dieu peut agir ainsi, mais puis-je suggérer que ce ne soit pas la manière d’action préférée de notre Dieu ? Plus souvent, Dieu nous guérit ; nous relève, comme dit le Psalmiste, en se faisant solidaire avec nous et en nous encourageant vers la solidarité les uns avec les autres. Qu’alors veut dire ce mot « solidarité » ? Pour moi, « solidarité » signifie se mettre à la place d’un autre, surtout de quelqu’un qui en a besoin.

Ce qui est le plus important de tous les signes de Jésus, c’est qu’il s’est fait solidaire avec nous en notre humanité en naissant et en vivant dans notre monde, et de façon suprême en mourant pour nous sur une croix ! C’est cette acte de solidarité surtout, cette acte du « Dieu avec nous », du Dieu qui a pris sur lui-même toutes nos souffrances et le péché du monde pour nous relever, que nous célébrons dans notre Eucharistie.

Bien sûr, c’est l’Eucharistie qui est le signe ce cette plus grande acte de solidarité de Jésus avec nous. Célébrons alors, au-delà de toute autre signe de Jésus, cette action qui nous relève, la mort et la résurrection du Christ, par laquelle la promesse ancienne se réalise : notre salut, la création d’ « un  ciel nouveau et (d’)une terre nouvelle ».

Thursday, March 9, 2017

Homélie du dimanche, 5 mars 2017

Premier dimanche de carême

Lectures du jour: Genèse 2:7-9, 3:1-7a; Psaume 50 (51): 3-4, 5-6ab, 12-13, 14, 17; Romains 5:12-19; Matthieu 4:1-11

Qu’est-ce qu’une tentation ? De quoi est Jésus tenté à la fin de ces quarante jours dans le désert dont parle notre Évangile d’aujourd’hui, de St. Matthieu ? Quelles sont parmi nos tentations les plus difficiles à surmonter ?

Il me vient souvent à l’esprit que dans trois des Évangiles, ceux des saints Matthieu, Marc et Luc, le ministère public de Jésus commence par les tentations du diable contre lui dans le désert. La tentation fait partie de notre condition humaine ; dès nos premiers ancêtres, tout être humain a été tenté. On vient d’entendre dans notre première lecture, de la Genèse, l’histoire de notre première tentation et alors de notre premier péché. Notre Seigneur Jésus Christ, qui est Dieu autant qu’homme, n’était pas préservé de la tentation. En fait les Évangélistes représentent Jésus comme plus pleinement humain, plus pleinement comme nous, en plaçant le récit de ses tentations dans le désert avant son ministère. Bien sûr, Jésus n’a jamais succombé à la tentation ; il n’a jamais péché. C’est là la seule différence entre Jésus et Marie (qui fut préservée du péché par la grâce de Dieu et non par ses propres forces) et nous : Nous avons tous péché.

On prie dans le « Notre Père », « ne nous soumets pas à la tentation ». Je trouve que c’est une prière un peu étrange : pourquoi prier notre Père de ne pas nous soumettre à la tentation ? N’est-ce pas que Dieu ne veuille pas que nous soyons tentés, que la tentation soit une réalité dans notre vie sans que Dieu ou nous cherchions à être tentés ? Bon, on ne rentrera pas dans tout un exposé théologique sur le « Notre Père » et la tentation, mais à mon avis il est peut-être utile d’interpréter cette prière, « ne nous soumets pas à la tentation », comme si on priait notre Père de pas nous laisser seul, sans lui, face à la tentation. Nous connaissons nos faiblesses. Nous reconnaissons que nous sommes pêcheurs et que nous ne pouvons pas surmonter nos tentations les plus difficiles sans Dieu.

Alors quelles sont nos tentations les plus difficiles à surmonter ? Suivant les tentations de Jésus, peut-être que parmi nos tentations les plus fortes et difficiles à surmonter, on retrouve celle du pouvoir. Le pouvoir a plusieurs formes : la force physique, l’autonomie de prendre des décisions, le pouvoir politique, le fait d’être parent, ce qui nous donne du pouvoir sur nos enfants, ou le fait d’être ministre ou prêtre dans l’Église, une position de pouvoir certainement… On conçoit même Dieu comme puissant, quelqu’un avec pouvoir. Le pouvoir n’a aucune valeur morale en lui-même. Il est un peu comme nos émotions, en elles-mêmes ni bonnes ni mauvaises, mais qu’on est invité à bien maîtriser, sinon on peut blesser d’autres personnes et/ou nous-mêmes et/ou notre relation avec Dieu.

Les tentations contre Jésus dans notre Évangile d’aujourd’hui sont toutes, d’une manière, centrées sur notre gestion du pouvoir. Imagine qu’on soit dans un désert sous une chaleur étouffante. Ça fait depuis quarante jours qu’on n’a pas mangé, alors on ressent une faim avec une intensité de onze sur dix... Ou bien qu’on soit à la fin d’un Week-end Retrouvaille. Les casse-croûtes étaient à peine suffisantes pour nous soutenir, telle était l’intensité du travail pendant le Week-end. Malgré le meilleur effort de l’équipe Retrouvaille de nous fournir des casse-croûtes, des provisions de pharmacie et d’autres besoins, nous avons faim et nous sommes fatigués.

C’est là où vient sur scène le diable pour nous tenter comme il a tenté Jésus : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains ». Il faut dire que le diable est intelligent. Ça aurait été pour Jésus une très bonne idée, au lieu de jeûner pendant quarante jours, jusqu’à ce qu’il soit au bout de ces forces, de transformer les pierres autour de lui en pains. Le Fils de Dieu aurait certainement eu assez de pouvoir pour le faire. Durant l’exode sous Moïse, ce même Dieu avait fait tomber de la manne dans le désert pour son peuple, mais non, ici Jésus met en priorité la parole de Dieu au delà de ses propres besoins corporels et son pouvoir de se soutenir lui-même : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ».

Cela pourrait-elle être une invitation à nous laisser éclairer et renforcer, surtout dans nos mariages et nos familles, par la parole de Dieu ? Cela pourrait-elle être une invitation, quand on suivra le parcours Retrouvaille au cours de ces prochaines semaines, de commencer toute communication avec une petite prière ou au moins de vous dire par exprès que vous vous aimez et que vous voulez le mieux l’un pour l’autre. Laissez entrer dans vos vies davantage la parole de Dieu, la volonté de Dieu que vos mariages réussissent, la parole de Dieu qui nous appelle à la confiance et à la réconciliation.

Cependant (je suis désolé ici si ce que je dirai vous semblera sombre ; je ne veut pas que ce soit décourageant), la tentation de ne pas se laisser guider par la parole de Dieu, surtout dans nos couples et nos familles, ne sera pas la seule tentation à laquelle on devra faire face. Si jamais on pense d’avoir conquis nos pires difficultés et mêmes démons dans nos mariages, ce qui peut se passer après quelques semaines, mois, ou années quand on a eu des succès avec le parcours que Retrouvaille propose ; si jamais on se croit, figurativement, être au sommet du Temple, c’est là que le diable va nous tenter de nouveau : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et ils te porteront sur leurs mains ».

Voilà une tentation sournoise : « Si tu es Fils de Dieu »… On est loin d’être le Fils de Dieu d’une part (de l’autre part, on est tous fils et filles de Dieu) alors, je répète, on ne peut pas surmonter la tentation sans Dieu. Même Jésus, le Fils de Dieu qui aurait pu vaincre le diable et ses tentations tout seul s’il l’avait voulu, « fut conduit au désert par l’Esprit » et, après avoir été tenté, fut accompagné et servi par des anges. Alors Jésus, notre Seigneur et vainqueur du diable, de la tentation, et du péché, nous invite d’avoir confiance en son pouvoir et non seulement en le nôtre. Si on a confiance en Jésus lors des plus petites tentations, on vaincra plus probablement les plus grandes. Bien que Dieu est toujours à notre disposition, et qu’il n’ait pas de péché trop grand à pardonner, une famille ou un couple confiant en l’accompagnement de notre Dieu, et non seulement lors des grandes crises mais longtemps avant ; un couple ou une famille qui consacre même un peu de temps (quelques minutes par jour) à la prière ensemble pourra mieux répondre au diable et à ses tentations comme Jésus lui a répondu : « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu ».

Si on arrive à surmonter ces premiers types de tentations de l’égoïsme, à une mentalité du « je peux m’en sortir sans Dieu », on aura souvent à faire face à un troisième type de tentation, symbolisé par la troisième tentation de Jésus dans notre Évangile, au sommet d’une montagne, d’être propriétaire de tous les royaumes du monde : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi ». Cette troisième tentation est vers une certaine forme d’idolâtrie, que ce soit le culte de l’état, de l’argent, ou d’autres sources de pouvoir de ce monde. Encore, je dis, le pouvoir n’est pas mauvais en lui-même, si on le subordonne à Dieu. Mais finalement, à mon avis, Jésus nous rappelle de faire attention de ne pas trop valoriser des richesses ou aduler des personnages publics qui n’ont peut-être pas au cœur nos biens les plus importants, et qui ne comprennent souvent pas surtout le mariage comme Dieu nous invite à le comprendre : l’union permanente d’un homme et d’une femme qui se reflètent l’amour de Dieu, qui se donnent la vie et qui donnent la vie au monde.

Demandons alors l’aide de notre Seigneur Jésus pour que nous puissions dire avec lui ensemble, au sein de nos couples mariés, de nos familles : « Arrière, Satan ! Car il est écrit : C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte ». C’est le Seigneur, lui seul, qui nous accompagne lors de la tentation, qui nous laissera jamais seul face à nos tentations et nos crises, qui fortifie nos mariages, signe sacramentelle de l’amour sans condition de Dieu pour nous. C’est enfin notre Dieu seul, à travers nous, l’Église, qui nous pardonne nos péchés et qui nous conduit à la vie éternelle.

Homélie du samedi, 4 mars 2017– de la férie

Samedi après les cendres

Lectures du jour: Isaïe 58:9b-14; Psaume 85 (86): 1-2, 3-4, 5-6; Luc 5:27-32

Que signifie l’appellation dans notre lecture d’Isaïe de ce matin, « celui qui répare les brèches » ou « celui qui remet en service les chemins » ? Ce sont des titres assez bizarres qu’Isaïe donne au peuple d’Israël de son époque. Il est utile de connaître un peu l’histoire d’Israël de l’époque d’Isaïe. C’était un pays qui avait été ruiné. Son peuple avait été exilé en Babylone, assimilé aux Babyloniens païens. Le but d’Isaïe dans les derniers chapitres de ce livre biblique était d’inviter ce peuple d’Israël en exil de retourner chez eux. Les Perses avaient vaincus les Babyloniens et les avaient chassés de la territoire d’Israël, et ensuite avaient décrété que les exilés d’Israël pouvaient retourner dans leur terre et reconstruire leur nation. Mais qu’avait-il en Israël sur quoi reconstruire la nation, sauf des ruines ?

Même avant l’exil, la plupart des Israélites étaient pauvres. Après leur retour de Babylone, ils auraient encore moins de moyens qu’avant pour réparer leurs « brèches » et de remettre « en service les chemins ». Alors Isaïe ne leur ment pas. Il dit à son peuple, Israël, que la reconstruction de leur nation après des générations d’exil sera impossible sans Dieu. Le contremaître de ce chantier de reconstruction devrait être Dieu.

Alors comment, dit Isaïe, devait Israël faire confiance en Dieu d’être le contremaître des travaux de réparation des « brèches » et de remise « en service (des) chemins » ? Isaïe conseille aux Israélites de ne plus opprimer leurs plus vulnérables, de faire disparaître « le joug, le geste accusateur, la parole malfaisante ». Isaïe leur dit de prendre soin de ceux qui en ont plus besoin : ceux qui en ont faim, ceux qui sont pauvres, ceux qui sont seuls, ceux qui sont des étrangers, puisque Israël avait eu encore l’expérience de vivre comme des étrangers dans un autre pays. Isaïe leur dit d’honorer le Sabbat, pas pour leur propre gloire mais pour la gloire de Dieu.

En gros, si les Israélites voulaient être bons réparateurs des « brèches » et remetteurs « en service (des) chemins », ils devraient laisser dans leur passé plusieurs pratiques qui nuisaient à leurs relations entre eux et avec Dieu. Ils devraient apprendre encore à se pardonner, à parler et à agir entre eux avec bienveillance et justice et à éviter toute médisance.

Dans ce sens, notre mission est similaire à celle du peuple d’Israël à l’époque d’Isaïe. Nous sommes aussi appelés à être ceux et celles « qui (réparent) les brèches » et « qui (remettent) en service les chemins ». Nous sommes appelés à faire confiance à Dieu, le contremaître de notre chantier de reconstruction de nos mariages. Nous sommes appelés au pardon et à la réconciliation. Il y aura des ruines de nos vies passés qu’il vaudra alors mieux laisser dans le passé (on en parlera au cours de ce Week-end Retrouvaille).

En fait, j’aimerais nous proposer une prière d’une sainte colombienne, Laura Montoya Upegui, qui a fondé une congrégation de religieuses qui vivaient parmi les peuples autochtones des jungles de la Colombie. Sa prière risque de vous étonner un peu, mais je ne veux pas vous faire peur. (Mais permettez-moi de passer brièvement d’Israël ancien en Colombie de nos jours, puisque j’ai été plusieurs fois quand j’étais séminariste et une fois comme prêtre. C’est un pays et un peuple qui me restent chers).

Ste. Laura Montoya priait ainsi : « Seigneur, détruisez-moi, et construisez sur mes ruines un monument à votre gloire ». Alors prions le Seigneur Dieu de détruire et de laisser en ruines, dans le passé, tout ce qui nuit à nos vies et dans nos mariages, tout ce qui est égoïste et tout ce qui nous empêche de nous pardonner et de nous réconcilier. Aidez-nous, Seigneur, à vous faire confiance et de faire confiance à nos conjoint(e)s, à vous reconnaître comme le contremaître de notre chantier de réparation de nos « brèches » et de remise « en service (de nos) chemins », de nos mariages et nos vies en famille. Et construisez « sur (nos) ruines un monument à votre gloire ».

Homélie du vendredi, 3 mars 2017– de la férie

Vendredi après les cendres

Lectures du jour: Isaïe 58:1-9a; Psaume 50 (51): 3-4, 5-6ab, 18-19;  Matthieu 9:14-15

« Cherchez le bien, non le mal, afin de vivre. Ainsi le Seigneur sera avec vous ». Notre acclamation de l’Évangile d’aujourd’hui, tirée du livre du prophète Amos, ne dirige-t-elle pas notre attention vers un objet clef du mouvement Retrouvaille ?

Mes frères et sœurs, ne sommes-nous pas ici à chercher « le bien » et, si on répond « oui », comment ? J’aimerais proposer deux manières d’interpréter ce que veut dire chercher « le bien » et là essayer de lier ces (au moins) deux interprétations possibles à nos lectures d’aujourd’hui et à notre ministère Retrouvaille.

Ne peut-on pas comprendre chercher « le bien » dans le sens de chercher à faire le bien ? Je crois que c’est ça le sens de chercher « le bien » qui est souligné surtout par le prophète Isaïe dans notre première lecture d’aujourd’hui. Chercher le bien, faire le bien, ce n’est pas la responsabilité des autres mais de chacun et de chacune de nous. Nous ne pouvons rester qu’émerveillés par les grands prophètes et les grands saints de l’histoire ; nous sommes appelés à être prophètes et saints nous-mêmes.

Eh, bien ! Il ne nous suffit pas d’être saints de façon superficielle. On vient de commencer, mercredi passé, ce temps de Carême où, dans quelques sens, on privilège des signes visibles de cette période pénitentielle ; cette période de commémoration de notre Seigneur Jésus Christ qui s’est soumis à nos faims, nos « déserts » et, finalement, notre mort, une mort sur une croix, afin que nous puissions vivre la vie éternelle ; être saints. En ce temps de Carême, on se met des cendres au front. On met plus d’attention sur la prière, le jeûne, l’abstinence de la viande au moins les vendredis et le mercredi des cendres, des actes de charité envers ceux qui en ont le plus besoin, et d’autres pratiques spirituelles. Cependant, si l’on ne fait ces actions que pour être plus visibles, à quoi sert notre prière, notre jeûne, notre abstinence de certains aliments, nos actes de charité, notre ministère ici de Retrouvaille avec des couples en situations de crise ?

C’est au fond cette question que pose le prophète Isaïe dans notre lecture d’aujourd’hui et, bien, que pose tous les prophètes d’une certaine manière. Les prophètes avaient une réputation d’être sévères. Ils étaient reconnus comme les dénonciateurs des maux et des péchés du peuple d’Israël, et Isaïe, qu’on vient d’entendre, suit cette réputation. En revanche, le but des prophètes était toujours d’apporter de l’espoir au peuple, ce qu’Isaïe fait également très bien. Isaïe emploie des images vives pour apporter de l’espoir au peuple que, si non seulement ils faisaient le bien, mais s’ils le faisait pour la gloire de Dieu et non pour des motivations égoïstes, Dieu les récompenserait. Dieu les accompagnerait jusqu’à ce qu’ils se rétablissent dans la terre sainte que Dieu leur avait donné. Pour apporter de l’espoir à son peuple, Isaïe prend en compte aussi la mémoire d’Israël de Dieu qui nous a accompagné depuis notre création. On pourrait peut-être imaginer la sensation physique que ressentait les Israélites en écoutant Isaïe, comme celle d’être en belle promenade sous un ciel clair et un soleil bien chaud. Alors peut-être on pourrait imaginer Isaïe comme un maître de notre méthode P.I.M.,* bien sûr avant que cette méthode ou Retrouvaille existent. Isaïe voulait que son peuple et que nous vivions la sensation, les images, et la mémoire de l’espoir et du bien.

Eh, alors, si Isaïe essaye de convaincre son peuple de chercher le bien en le faisant, dans notre Évangile Jésus nous conseille de vouloir reconnaître le bien des autres. Sinon on retombe facilement dans des pratiques spirituelles superficielles. Les pharisiens avaient l’apparence de bien vivre leur foi. Ils jeûnaient, tandis que les disciples de Jésus ne jeûnaient pas. Mais ce sont en fait les disciples de Jésus qui s’étaient laissés pénétrer au fond par la présence de Jésus. C’est aux autres, les pharisiens et « les disciples de Jean le Baptiste », à reconnaître le bien qui a lieu dans la fête que font les disciples de Jésus en la présence de « l’Époux » (quelle belle image conjugale, importante pour nous dans Retrouvaille !), en présence de leur salut.

Nous aussi, nous commençons ce week-end Retrouvaille en fêtant la présence de notre Seigneur, notre salut, parmi nous dans l’Eucharistie. Nous cherchons et nous reconnaissons dans cette célébration notre « bien », et nous aurons tout ce temps de Carême pour chercher le bien en le faisant, par nos actions de justice et de charité et par nos diverses disciplines spirituelles et pénitentielles. On jeûnera durant ce temps de carême, mais maintenant continuons notre fête Eucharistique. De toute manière, cherchons « le bien, afin de vivre » !

*Le P.I.M. de Retrouvaille est un méthode de communication des sentiments basé sur la sensation physique, l'image, et le souvenir (anglais, « memory ») évoqués par nos sentiments ou émotions.