Thursday, March 9, 2017

Homélie du samedi, 4 mars 2017– de la férie

Samedi après les cendres

Lectures du jour: Isaïe 58:9b-14; Psaume 85 (86): 1-2, 3-4, 5-6; Luc 5:27-32

Que signifie l’appellation dans notre lecture d’Isaïe de ce matin, « celui qui répare les brèches » ou « celui qui remet en service les chemins » ? Ce sont des titres assez bizarres qu’Isaïe donne au peuple d’Israël de son époque. Il est utile de connaître un peu l’histoire d’Israël de l’époque d’Isaïe. C’était un pays qui avait été ruiné. Son peuple avait été exilé en Babylone, assimilé aux Babyloniens païens. Le but d’Isaïe dans les derniers chapitres de ce livre biblique était d’inviter ce peuple d’Israël en exil de retourner chez eux. Les Perses avaient vaincus les Babyloniens et les avaient chassés de la territoire d’Israël, et ensuite avaient décrété que les exilés d’Israël pouvaient retourner dans leur terre et reconstruire leur nation. Mais qu’avait-il en Israël sur quoi reconstruire la nation, sauf des ruines ?

Même avant l’exil, la plupart des Israélites étaient pauvres. Après leur retour de Babylone, ils auraient encore moins de moyens qu’avant pour réparer leurs « brèches » et de remettre « en service les chemins ». Alors Isaïe ne leur ment pas. Il dit à son peuple, Israël, que la reconstruction de leur nation après des générations d’exil sera impossible sans Dieu. Le contremaître de ce chantier de reconstruction devrait être Dieu.

Alors comment, dit Isaïe, devait Israël faire confiance en Dieu d’être le contremaître des travaux de réparation des « brèches » et de remise « en service (des) chemins » ? Isaïe conseille aux Israélites de ne plus opprimer leurs plus vulnérables, de faire disparaître « le joug, le geste accusateur, la parole malfaisante ». Isaïe leur dit de prendre soin de ceux qui en ont plus besoin : ceux qui en ont faim, ceux qui sont pauvres, ceux qui sont seuls, ceux qui sont des étrangers, puisque Israël avait eu encore l’expérience de vivre comme des étrangers dans un autre pays. Isaïe leur dit d’honorer le Sabbat, pas pour leur propre gloire mais pour la gloire de Dieu.

En gros, si les Israélites voulaient être bons réparateurs des « brèches » et remetteurs « en service (des) chemins », ils devraient laisser dans leur passé plusieurs pratiques qui nuisaient à leurs relations entre eux et avec Dieu. Ils devraient apprendre encore à se pardonner, à parler et à agir entre eux avec bienveillance et justice et à éviter toute médisance.

Dans ce sens, notre mission est similaire à celle du peuple d’Israël à l’époque d’Isaïe. Nous sommes aussi appelés à être ceux et celles « qui (réparent) les brèches » et « qui (remettent) en service les chemins ». Nous sommes appelés à faire confiance à Dieu, le contremaître de notre chantier de reconstruction de nos mariages. Nous sommes appelés au pardon et à la réconciliation. Il y aura des ruines de nos vies passés qu’il vaudra alors mieux laisser dans le passé (on en parlera au cours de ce Week-end Retrouvaille).

En fait, j’aimerais nous proposer une prière d’une sainte colombienne, Laura Montoya Upegui, qui a fondé une congrégation de religieuses qui vivaient parmi les peuples autochtones des jungles de la Colombie. Sa prière risque de vous étonner un peu, mais je ne veux pas vous faire peur. (Mais permettez-moi de passer brièvement d’Israël ancien en Colombie de nos jours, puisque j’ai été plusieurs fois quand j’étais séminariste et une fois comme prêtre. C’est un pays et un peuple qui me restent chers).

Ste. Laura Montoya priait ainsi : « Seigneur, détruisez-moi, et construisez sur mes ruines un monument à votre gloire ». Alors prions le Seigneur Dieu de détruire et de laisser en ruines, dans le passé, tout ce qui nuit à nos vies et dans nos mariages, tout ce qui est égoïste et tout ce qui nous empêche de nous pardonner et de nous réconcilier. Aidez-nous, Seigneur, à vous faire confiance et de faire confiance à nos conjoint(e)s, à vous reconnaître comme le contremaître de notre chantier de réparation de nos « brèches » et de remise « en service (de nos) chemins », de nos mariages et nos vies en famille. Et construisez « sur (nos) ruines un monument à votre gloire ».

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