Tuesday, March 27, 2018

Homélie du mardi, 27 mars 2018– Mardi saint

Lectures du jour: Isaïe 49, 1-6; Psaume 70 (71), 1-2, 3, 5a.6, 15ab.17; Jean 13, 21-33.36-38

Peut-on s’intégrer dans l’histoire de cette semaine sainte qu’on entendra au cours de ces prochains jours dans nos Évangiles ? Chacun de nous pourrait se poser cette question : si j’étais l’un des personnages dans cette histoire de la passion de Jésus, qui serais-je ?

À mon avis, ce n’est pas une question à laquelle il est si facile à répondre qu’on penserait. Peut-être quelques-un(e)s parmi nous, comme moi, se voient pourtant un peu plus comme St. Pierre dans ce récit de notre semaine sainte.

Dans les Évangiles, Simon-Pierre sert souvent de porte-parole pour les douze Apôtres. Il a souvent raison quand il parle, ou bien il a presque raison, même s’il ne sait pas immédiatement pourquoi il a raison. On entend un autre de ces occurrences dans notre Évangile d’aujourd’hui où St. Pierre a raison sans savoir pourquoi, ou sans savoir même ce qu’il est en train de dire.

Simon-Pierre commence en posant une très bonne question à Jésus dans notre Évangile : « Seigneur, où vas-tu » ? C’est impossible pour Simon-Pierre, comme pour nous, de connaître la réponse juste à cette question maintenant. On découvrira, comme St. Pierre, la réponse juste à cette question en le vivant, en suivant Jésus jusqu’à la croix et à la résurrection. On découvrira où Jésus va à travers nos propres incompréhensions ; nos propres succès où l’on a raison ou presque ; nos propres défauts, péchés, et notre besoin d’être pardonnés ; à travers notre propre mort et résurrection. Sinon, tout le discours de Jésus à sa dernière Cène qu’on entend aujourd’hui n’a pas de sens pour nous.

Simon-Pierre découvrirait le sens juste de la passion de Jésus seulement après la résurrection du Christ, quand Jésus le rencontrerait au bord de la mer, en train d’aller à la pêche comme il y était habitué. Là seulement, Simon-Pierre comprendrait ce qui serait demandé de lui ; comment il devait lui aussi donner sa vie par amour de Jésus : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? … Sois le pasteur de mes brebis » … « Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu ».

Maintenant, en vivant cette semaine sainte, comme Saint Pierre, on comprend presque mais pas encore assez la réponse à nos questions : « Seigneur, où vas-tu ? Jusqu’où sommes-nous appelés à te suivre » ? On sait, comme St. Pierre, encore trop confiant de lui-même à la dernière Cène, qu’on aimerait suivre Jésus jusqu’à la mort, mais qu’est-ce que cela s’implique pour nous ? On a peur de notre péché ; de la mort ; du chaos dans le monde.

Comme St. Pierre, notre parcours de la dernière Cène à travers la mort à la résurrection nous obligera alors de connaître nos faiblesses, de faire face à nos peurs et nos péchés, en toute confiance en le Seigneur qui nous pardonne tout ; qui connaît nos faiblesses en les ayant prises sur lui-même sur la croix ; qui chemine avec nous entre notre question perplexe, « Seigneur, où vas-tu » ? jusqu’à ce qu’on sera prêts à se donner la vie pour le Seigneur et les uns pour les autres, à être les pasteurs de ses brebis.

Tuesday, March 13, 2018

Homélie du mardi, 13 mars 2018– de la férie

Mardi de la 4ème semaine de Carême

Lectures du jour: Ézékiel 47, 1-9.12; Psaume 45 (46), 2-3, 5-6, 8-9a.10a; Jean 5, 1-16


Mes frères et sœurs, n’entend-on pas une lecture bizarre aujourd’hui du livre d’Ézékiel ? Notre première lecture comprend une vision du prophète Ézékiel des eaux qui jaillissent du Temple de Jérusalem qui avait été détruit par les Babyloniens et qui allait être reconstruit plusieurs années plus tard, à la fin de l’exil du peuple d’Israël en Babylone.

Eh, bien, les visions sont souvent bizarres ! Ni les prophètes, comme Ézékiel, ni Dieu, opèrent habituellement par des visions. Les visions sont un peu comme des miracles : possibles, si l’on croit que Dieu peut tout faire, même agir contre ses propres règlements qui gouvernent la nature et la font intelligible, mais rares.

Qu’est-ce qui se passe alors ; qu’a-t-il d’important à retenir de la vision d’Ézékiel à propos de laquelle on entend aujourd’hui. La vision d’Ézékiel de l’eau qui jaillit dans toutes directions en profondeur augmentant se déroule entre deux lieux principaux : le Temple de Jérusalem, sanctuaire central de la foi juive, et les terres loin de Jérusalem, à la « périphérie » d’Israël, c’est-à-dire le Jourdain et la mer Morte.

On peut parler, surtout aujourd’hui, du centre ou du sanctuaire et de la « périphérie », parce qu’aujourd’hui, c’est le cinquième anniversaire du début du pontificat de François, qui parle beaucoup de cette relation entre le centre et le ou les périphérie(s) du monde. Après avoir demandé au monde rassemblé dans la Place St. Pierre le moment de son élection de prier pour lui, le Pape François s’est introduit à ce monde comme le pape venant des périphéries au centre, pour devenir évêque de ce centre, Rome.

Nous aussi sommes appelés, chers frères et sœurs, à venir de nos périphéries— nos domiciles, nos lieux de travail et de loisir, nos lieux de rencontre avec notre prochain— pour nous rassembler ici dans une sorte de centre ; de sanctuaire, et puis on sera appelé après cette célébration de retourner à nos périphéries. Quand on retournera à nos périphéries, on y apportera Dieu, le corps du Christ en étant le corps du Christ visible, partout où on sera dans le monde.

Si le prophète Ézékiel a vu une vision assez bizarre d’eaux qui jaillissaient du temple pour rejoindre les terres distantes et arides du Jourdain et de la mer Morte, on est ici et maintenant en sortes la réalisation de cette vision prophétique. C’est à nous de commencer par cette célébration, dans ce lieu— cette Chapelle de St. Vincent de Paul— à être nourri par le corps du Christ pour devenir le corps du Christ jusqu’aux périphéries, que nos périphéries soient physiquement loin ou simplement des lieux de rencontre avec ceux et celles qui ont besoin de notre présence, notre bienveillance chrétienne, aujourd’hui.

Soyons les eaux qui jailliront de ce sanctuaire pour aller à la rencontre de ceux et celles qui sont en besoin. Soyons pour notre monde, d’ici le sanctuaire jusqu’aux périphéries arides et soifs de Dieu dans ce monde, le corps du Christ qui sera pour notre monde. Soyons dans notre monde, comme le fruit des arbres nourris par les eaux du Temple dans la vision d’Ézékiel, « une nourriture » et « un remède ». 

Sunday, March 4, 2018

Homélie du dimanche, 4 mars 2018

3ème dimanche de Carême

Lectures du jour: Exode 20, 1-17; Psaume 18b (19), 8, 9, 10, 11; 1 Corinthiens 1, 22-25; Jean 2, 13-25

Cette homélie fut donnée pendant le Week-end Retrouvaille de mars 2018 au Centre de retraite Massabielle, Saint-Prix, France.


Qu’est-ce que Jésus voulait dire en disant aux chefs juifs de son époque, « détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai » ? Les Juifs contemporains de Jésus posaient cette même question. Ils présumaient, de façon bien légitime, que Jésus parlait du temple de Jérusalem, alors que l’Évangile de St. Jean qu’on entend aujourd’hui nous ajoute l’indice qu’il « parlait du sanctuaire de son corps ».

Bien sûr, on pourrait comprendre cette explication, dans notre contexte chrétien de plus de deux mille ans après Jésus Christ, comme une prédiction du Seigneur de sa passion et de sa mort. Alors là on serait invités à se poser la question : qu’est-ce que, ou bien qui est le sanctuaire du corps du Christ ?

Mes frères et sœurs, « le sanctuaire de son corps » auquel Jésus fait référence, ce n’est pas qu’un bâtiment historique ou actuel. Ce n’est pas que son propre corps humain individuel. « Le sanctuaire (du) corps » de Jésus, c’est nous ! On peut légitimement interpréter ces paroles de Jésus comme une prédiction de sa propre passion. Une majorité de biblistes disent que ce passage de l’Évangile est une rédaction d’après la destruction du temple de Jérusalem en l’année 68 après Jésus-Christ. Pourtant, c’est aussi en sortes une prédiction de notre propre passion, mort, et résurrection. Si on se considère bien des chrétiens fidèles à notre Seigneur, on sera tous d’une manière, si l’on n’a pas encore été, appelés à suivre Jésus dans la mort et dans la résurrection.

Normalement, peu de personnes ne veulent penser à leur propre mort, alors j’espère, en disant ceci, qu’on ne prenne pas mon message comme étant trop sombre. Toutefois, si l’on est ici pour ce weekend Retrouvaille ; si l’on se compromettra à suivre le parcours des post-weekend et du CoRE qui suivent ce weekend, c’est parce qu’on a déjà vécu, au sein de nos couples, des passions et des morts. On a alors confiance, ceux et celles qui sont ici, en Jésus quand il dit que tout ce qui est mort ; tout ce qui est en ruines, que ce soit le corps de Jésus qui devint le Temple nouveau et vivant, ou le corps de Jésus qui est l’Église— tous d’entre nous et à travers le monde— tout ce qui est blessé, Jésus le rebâtira ; le ressuscitera d’ici le dernier jour. En étant ici, nous avons déjà plus de confiance en Jésus qu’avaient les chefs religieux de son époque.

Avec cette confiance en Jésus qu’on démontre déjà ici, je vous invite à prendre une dizaine de minutes par jour en prière à Jésus pour votre conjoint ; pour le bien-être de votre couple, et puis une autre dizaine de minutes à écouter bien attentivement ce que Jésus nous répond dans le silence de nos cœurs. On pourrait appeler cette prière quotidienne notre « dix-dix avec Dieu ».

Imaginez que Dieu répond à votre prière par une lettre d’amour du style qu’on a pratiqué avec nos conjoints durant ce weekend : « Cher/chère bien-aimé(e), je reconnais que ces derniers temps dans votre mariage ont été difficiles. Tu te sens peut-être comme un sanctuaire en train de s’écrouler ; tu ressens la désolation et la tristesse avec une intensité de dix sur dix. Souviens-toi que je t’ai créé en mon image. Malgré ce qui a pris du temps pour s’installer dans votre mariage, des mauvaises habitudes et même des péchés, je suis là pour toi, pour rebâtir un sanctuaire glorieux sur ces ruines. Moi qui est ressuscité le troisième jour d’entre les morts, je te ressusciterai aussi, toi qui est membre de mon corps. Je t’aime… Dieu ».