Jeudi de la 10ème semaine du temps ordinaire
Lectures du jour: 1 Rois 18, 41-46; Psaume 64 (65), 10abcd, 10e-11, 11-13; Matthieu 5, 20-26
Lectures du jour: 1 Rois 18, 41-46; Psaume 64 (65), 10abcd, 10e-11, 11-13; Matthieu 5, 20-26
N’y a-t-il pas en quelque sorte une juxtaposition entre notre lecture
d’aujourd’hui du premier livre des Rois et notre Évangile, de St.
Matthieu ?
Dans notre Évangile, Jésus « intensifie » l’exigence du cinquième
commandement du Décalogue, « tu ne commettras pas de meurtre » pour,
il nous semblerait, empêcher même que la colère puisse être justifiée dans
certains cas. Déjà, « si quelqu’un insulte son frère » ou sa sœur,
dit Jésus, et si quelqu’un ne cherche pas à se réconcilier immédiatement avec
son prochain, « il sera passible de la géhenne de feu ». C’est-à-dire
que la mauvaise maitrise de notre colère peut détruire notre prochain, même si
l’on ne le tue pas physiquement. La conséquence pour cette destruction par
l’insulte et le manque de volonté de se réconcilier sera donc la même
conséquence que pour un meurtre : « la géhenne de feu » ;
l’enfer, ce qui fait appel à la vallée de Hinnom (ge’hinnom) à l’extérieur de
Jérusalem, où les déchets de la ville étaient jetés à l’époque de Jésus,
quelques morts étaient enterrés, et le tout se consumait par un feu perpétuel.
En contraste, dans le premier livre des Rois, on rencontre le prophète
Élie, qui vient tout juste de tuer tous les prophètes de Baal et qui provoque
alors la colère meurtrière de Jézabel, épouse du roi Acab d’Israël, qui chasse
Élie de Jérusalem jusqu’à Beersheba en Judée. On rencontre aujourd’hui Élie à
mi-chemin, sur les hauteurs du mont Carmel. Là, il nous semble en récompense
pour avoir tué les prophètes de Baal et comme signe contre Acab (qu’il ne
comprend pas parce qu’il a le cœur dur), Dieu met fin à une sécheresse avec une
pluie longuement attendue sur Israël.
Devrait-on comprendre cette pluie rafraichissante envoyé des cieux sur
Israël comme la récompense divine à Élie pour avoir massacré les prophètes de
Baal ? Je dirais que cela ne serait pas vraiment une bonne interprétation
de ces événements du premier livre des Rois. Pourtant, l’interprétation juste
de ce passage est difficile : Dieu ne récompense pas pour la violence,
pour la destruction de la vie surtout, mais Dieu hait autant (ou même plus)
l’idolâtrie.
Eh, bien, voici peut-être un lien entre notre première lecture et notre Évangile :
la colère en elle-même n’est pas un péché, mais une émotion. Les émotions, même
celles qui sont intenses ou dites « négatives », n’ont pas de valeur
morale en elles-mêmes. La valeur morale s’accorde avec notre maîtrise ou manque
de maîtrise de nos émotions comme la colère.
La colère peut devenir en quelque sorte une idole, un substitut pour Dieu,
si l’on ne la maîtrise pas, si cette émotion ne sert pas à nous rappeler de
l’exigence de se réconcilier avec nos prochains avec qui l’on ne s’entend pas
bien. Dans l’Évangile de St. Matthieu, Jésus relie cette mauvaise maîtrise de
la colère, quand cela nous amène à insulter et à dénigrer notre prochain, au
meurtre, un péché contre le cinquième commandement, parce qu’il est déjà d’une
manière une forme d’idolâtrie : Notre colère nous dirige et devient notre
dieu à la place du bon Dieu.
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