Monday, June 18, 2018

Homélie du mardi, 19 juin 2018– de la férie

Mardi de la 11ème semaine du temps ordinaire

Mémoire facultative de St. Romuald


Lectures du jour: 1 Rois 21, 17-29; Psaume 50 (51), 3-4, 5-6ab, 11.16; Matthieu 5, 43-48 

Si l’on s’engageait dans un moment d’introspection honnête, n’a-t-on pas eu, si l’on n’en a pas actuellement, des ennemis, ou au moins quelqu’un avec qui l’on ne s’entend pas bien ? Cette personne ou groupe de personnes « ennemi », assez tristement et dans mon expérience personnelle et de ministère, est souvent quelqu’un de nos plus proches, même souvent un ou des membres de nos familles.

Notre « ennemi » pourrait être quelqu’un de distant qu’on ne connaît pas directement. Dans mon cas, pendant ces derniers jours j’ai, si j’ose l’admettre, le cœur brisé en suivant les reportages de la détention et la séparation systématique des enfants des immigrants sans papiers de leurs parents à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Il m’est difficile dans le moment de ne pas voir ces autorités et cette administration américaine comme un ennemi en haïssant les injustices qu’ils sont en train de commettre. (Je ne sais pas si l’on est rendu jusqu’à ce même point d’injustices contre les immigrants et les réfugiés ici en Europe ou en France. Pourtant, la tentation de traiter ces nouveaux-arrivés comme des ennemis et non pas comme nos frères et sœurs joue dans la politique de ce pays et de l’Europe aussi. Ne laissons pas, j’implore, ce démon entrer par nos portes et dans nos cœurs !)

Nos lectures d’aujourd’hui, du premier livre des Rois et de l’Évangile de St. Matthieu, nous parlent du thème des ennemis : comment est-on appelé à traiter nos ennemis ?

Dans ce premier livre des Rois, c’est le roi Acab qui se reconnaît comme l’ennemi du prophète Élie, qui reprend le roi pour avoir tué le vigneron Naboth et de s’être emparé de son vignoble. Acab s’était essayé de se justifier par le fait que Naboth était devenu, bref, son ennemi en lui opposant comme roi d’Israël. Il m’est intéressant dans cette histoire que la reconnaissance d’Acab, non seulement d’Élie mais de Dieu comme son « ennemi » en quelque sorte, lui amène à la pénitence, ce qui sauve au moins Acab de la punition de Dieu pour ces crimes, bien que cette punition soit rapportée sur ses successeurs.

Dans notre Évangile, Jésus nous propose une autre manière, là assez radicale, de traiter de nos ennemis : « Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent ». Si l’on aime alors nos ennemis, posons-nous la question, seraient-ils encore nos ennemis ? Cette question rhétorique, à laquelle on s’oblige à répondre « non », nous permet de comprendre à tel point cet enseignement de Jésus est radical.

Si l’on aime nos « ennemis » jusqu’à ce qu’ils ne soient plus nos ennemis mais nos frères et sœurs, crées à l’image de Dieu comme nous-mêmes, ce ne veut pas dire qu’on ne sera pas peut-être appelé à réprimander quelqu’un, si son action est assez mauvaise et assez grave. En revanche, si l’on est appelé à ce genre d’action prophétique, comme Élie a été appelé à réprimander le roi Acab, faisons-le d’un esprit fraternel. Ne cherchons jamais alors à écraser la personne qu’on reprend, et n’imitons jamais la même violence — verbale, physique, ou autre — à laquelle on s’oppose en lui. Finalement, prions surtout pour le bien-être de nos « ennemis » devenus frères et sœurs, en même temps qu’on prie à la fois pour leur conversion et surtout pour qu’on reste bienveillants envers eux.

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