Saturday, June 23, 2018

Homily for Saturday, 23 June 2018– Ferial

Saturday of the 11th Week in Ordinary Time

Our Lady's Saturday, optional memorial


Readings of the day: 2 Chronicles 24:17-25; Psalm 89:4-5, 29-30, 31-32, 33-34; Matthew 6, 24-34

This homily was given at the Cardinal Flahiff Basilian Centre, Toronto, ON, Canada. 

What are some of the things we typically worry about? Since all of us here are religious under a vow of poverty, I doubt that wealth is of great concern for us. And so when Jesus warns his disciples, “No one can serve two masters… You cannot serve God and wealth,” how might this relate to us?

By my count, three times in today’s Gospel reading, Jesus says to his disciples, “Do not worry.” And two more times he asks questions related to worry: “Can any of you by worrying add a single hour to your span of life,” and “Why do you worry about clothing”?

However, Jesus allows us to worry about one thing. He says, “Strive first for the Kingdom of God and his righteousness.” All our other worries are less important than for us to be concerned for our salvation and, even more so, for loving one another into the same salvation; the same Kingdom of God.

Yet, even if we do not worry about wealth, about our earthly life and its comforts, about our bodies, about clothing, about food and drink, or about tomorrow, are we still not concerned about the well-being of our confrères, family members, and friends? Do we not, more or less often, worry about our health? Do we not worry about the future of our Basilian community, especially as we approach Chapter, even though our community, although small in numbers, gives us many encouraging signs? Do we not worry about the good of our country; our society; our world? Do we not worry about death?

These are all legitimate concerns. Jesus does not mean otherwise in today’s Gospel, but then what does he mean by his repeated call not to worry? Perhaps he means that any worry, even legitimate ones, may become obsessive to the point that our worry replaces God, the Kingdom of God, and our faith in these. Our worries may then become like idols. Not only might we worry about keeping our bodies healthy for as long as possible to be effective ministers in God’s name but, if we allow it, our concern for our physical well-being may become disproportionately greater than our concern for our other dimensions: Spiritual and prayer life, for instance. Without prayer, although our bodies live, we risk becoming like zombie Christians, miserable and only half alive. A zombie Christian is no Christian at all, if we fail to recognize God’s “steadfast love” for us that our Psalm especially proclaims, a love that will allow us to inherit the Kingdom of God. The same goes for when our concerns for wealth, clothing, food, drink, the future, or the security and well-being of our world, our country, or our religious community or our institutions and apostolates become disproportionately greater than our faith in God and in the promise of God’s Kingdom.

All these elements of this world, even our worries, will pass. Jesus invites us to live in this world with our legitimate worries, but at the same time to fix our hearts on the eternal Kingdom of God, where our worries, even the most legitimate, will be no more.

Monday, June 18, 2018

Homélie du mardi, 19 juin 2018– de la férie

Mardi de la 11ème semaine du temps ordinaire

Mémoire facultative de St. Romuald


Lectures du jour: 1 Rois 21, 17-29; Psaume 50 (51), 3-4, 5-6ab, 11.16; Matthieu 5, 43-48 

Si l’on s’engageait dans un moment d’introspection honnête, n’a-t-on pas eu, si l’on n’en a pas actuellement, des ennemis, ou au moins quelqu’un avec qui l’on ne s’entend pas bien ? Cette personne ou groupe de personnes « ennemi », assez tristement et dans mon expérience personnelle et de ministère, est souvent quelqu’un de nos plus proches, même souvent un ou des membres de nos familles.

Notre « ennemi » pourrait être quelqu’un de distant qu’on ne connaît pas directement. Dans mon cas, pendant ces derniers jours j’ai, si j’ose l’admettre, le cœur brisé en suivant les reportages de la détention et la séparation systématique des enfants des immigrants sans papiers de leurs parents à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Il m’est difficile dans le moment de ne pas voir ces autorités et cette administration américaine comme un ennemi en haïssant les injustices qu’ils sont en train de commettre. (Je ne sais pas si l’on est rendu jusqu’à ce même point d’injustices contre les immigrants et les réfugiés ici en Europe ou en France. Pourtant, la tentation de traiter ces nouveaux-arrivés comme des ennemis et non pas comme nos frères et sœurs joue dans la politique de ce pays et de l’Europe aussi. Ne laissons pas, j’implore, ce démon entrer par nos portes et dans nos cœurs !)

Nos lectures d’aujourd’hui, du premier livre des Rois et de l’Évangile de St. Matthieu, nous parlent du thème des ennemis : comment est-on appelé à traiter nos ennemis ?

Dans ce premier livre des Rois, c’est le roi Acab qui se reconnaît comme l’ennemi du prophète Élie, qui reprend le roi pour avoir tué le vigneron Naboth et de s’être emparé de son vignoble. Acab s’était essayé de se justifier par le fait que Naboth était devenu, bref, son ennemi en lui opposant comme roi d’Israël. Il m’est intéressant dans cette histoire que la reconnaissance d’Acab, non seulement d’Élie mais de Dieu comme son « ennemi » en quelque sorte, lui amène à la pénitence, ce qui sauve au moins Acab de la punition de Dieu pour ces crimes, bien que cette punition soit rapportée sur ses successeurs.

Dans notre Évangile, Jésus nous propose une autre manière, là assez radicale, de traiter de nos ennemis : « Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent ». Si l’on aime alors nos ennemis, posons-nous la question, seraient-ils encore nos ennemis ? Cette question rhétorique, à laquelle on s’oblige à répondre « non », nous permet de comprendre à tel point cet enseignement de Jésus est radical.

Si l’on aime nos « ennemis » jusqu’à ce qu’ils ne soient plus nos ennemis mais nos frères et sœurs, crées à l’image de Dieu comme nous-mêmes, ce ne veut pas dire qu’on ne sera pas peut-être appelé à réprimander quelqu’un, si son action est assez mauvaise et assez grave. En revanche, si l’on est appelé à ce genre d’action prophétique, comme Élie a été appelé à réprimander le roi Acab, faisons-le d’un esprit fraternel. Ne cherchons jamais alors à écraser la personne qu’on reprend, et n’imitons jamais la même violence — verbale, physique, ou autre — à laquelle on s’oppose en lui. Finalement, prions surtout pour le bien-être de nos « ennemis » devenus frères et sœurs, en même temps qu’on prie à la fois pour leur conversion et surtout pour qu’on reste bienveillants envers eux.

Thursday, June 14, 2018

Homélie du jeudi, 14 juin 2018– de la férie

Jeudi de la 10ème semaine du temps ordinaire


Lectures du jour: 1 Rois 18, 41-46; Psaume 64 (65), 10abcd, 10e-11, 11-13; Matthieu 5, 20-26 

N’y a-t-il pas en quelque sorte une juxtaposition entre notre lecture d’aujourd’hui du premier livre des Rois et notre Évangile, de St. Matthieu ?

Dans notre Évangile, Jésus « intensifie » l’exigence du cinquième commandement du Décalogue, « tu ne commettras pas de meurtre » pour, il nous semblerait, empêcher même que la colère puisse être justifiée dans certains cas. Déjà, « si quelqu’un insulte son frère » ou sa sœur, dit Jésus, et si quelqu’un ne cherche pas à se réconcilier immédiatement avec son prochain, « il sera passible de la géhenne de feu ». C’est-à-dire que la mauvaise maitrise de notre colère peut détruire notre prochain, même si l’on ne le tue pas physiquement. La conséquence pour cette destruction par l’insulte et le manque de volonté de se réconcilier sera donc la même conséquence que pour un meurtre : « la géhenne de feu » ; l’enfer, ce qui fait appel à la vallée de Hinnom (ge’hinnom) à l’extérieur de Jérusalem, où les déchets de la ville étaient jetés à l’époque de Jésus, quelques morts étaient enterrés, et le tout se consumait par un feu perpétuel.

En contraste, dans le premier livre des Rois, on rencontre le prophète Élie, qui vient tout juste de tuer tous les prophètes de Baal et qui provoque alors la colère meurtrière de Jézabel, épouse du roi Acab d’Israël, qui chasse Élie de Jérusalem jusqu’à Beersheba en Judée. On rencontre aujourd’hui Élie à mi-chemin, sur les hauteurs du mont Carmel. Là, il nous semble en récompense pour avoir tué les prophètes de Baal et comme signe contre Acab (qu’il ne comprend pas parce qu’il a le cœur dur), Dieu met fin à une sécheresse avec une pluie longuement attendue sur Israël.

Devrait-on comprendre cette pluie rafraichissante envoyé des cieux sur Israël comme la récompense divine à Élie pour avoir massacré les prophètes de Baal ? Je dirais que cela ne serait pas vraiment une bonne interprétation de ces événements du premier livre des Rois. Pourtant, l’interprétation juste de ce passage est difficile : Dieu ne récompense pas pour la violence, pour la destruction de la vie surtout, mais Dieu hait autant (ou même plus) l’idolâtrie.

Eh, bien, voici peut-être un lien entre notre première lecture et notre Évangile : la colère en elle-même n’est pas un péché, mais une émotion. Les émotions, même celles qui sont intenses ou dites « négatives », n’ont pas de valeur morale en elles-mêmes. La valeur morale s’accorde avec notre maîtrise ou manque de maîtrise de nos émotions comme la colère.

La colère peut devenir en quelque sorte une idole, un substitut pour Dieu, si l’on ne la maîtrise pas, si cette émotion ne sert pas à nous rappeler de l’exigence de se réconcilier avec nos prochains avec qui l’on ne s’entend pas bien. Dans l’Évangile de St. Matthieu, Jésus relie cette mauvaise maîtrise de la colère, quand cela nous amène à insulter et à dénigrer notre prochain, au meurtre, un péché contre le cinquième commandement, parce qu’il est déjà d’une manière une forme d’idolâtrie : Notre colère nous dirige et devient notre dieu à la place du bon Dieu.

Notre salut dépend de notre capacité de chasser cette tentation, qui est à l’idolâtrie autant qu’à la destruction morale de notre prochain. Sinon, l’avertissement du Seigneur est assez effrayant : on risque « la géhenne de feu ».