Saturday, December 30, 2017

Homélie du jeudi, 14 décembre 2017– Mémoire de St. Jean de la Croix, prêtre et docteur de l'Église

Lectures du jour: Isaïe 41, 13-20; Psaume 144 (145), 1.9, 10-11, 12-13ab; Matthieu 11, 11-15

jeudi de la 2ème semaine de lAvent

Cette homélie fut donnée à lÉglise Saint Louis d’Antin, Paris, France.

This homily was given at Saint Louis d’Antin Church, Paris, France.

Quelle est l’utilité littéraire, mais aussi pastorale, du contraste ? On reconnaît dans nos lectures d’aujourd’hui l’utilisation par les auteurs bibliques de ce méthode de contraste, de faire la comparaison entre des réalités opposées pour y ressortir une vérité spirituelle profonde.

On entend, à travers le prophète Isaïe, Dieu qui appelle Jacob « pauvre vermisseau », Israël « pauvre mortel ». Dans notre Évangile, de St. Matthieu, le même personnage, Jean le Baptiste, est en même temps en quelque sorte le plus grand « parmi ceux qui sont nés d’une femme » et « le plus petit dans le royaume des cieux ». Jean le Baptiste est en même temps en quelque sorte le nouveau prophète, celui qui fait rappeler Élie de l’Ancien Testament ; celui qui annonce l’avènement du Christ tout en reconnaissant à plusieurs reprises dans les Évangiles comment il est indigne de cette mission.

Jean de la Croix, qu’on célèbre aujourd’hui, aimait également employer cette méthode de contraste dans ces écrits. L’une de ses poésies que j’aime en particulier, qui s’appelle « Je suis sorti à la recherche de l’amour », est bien connue pour son emploi littéraire du contraste. J’aime tant cette poésie surtout parce que, quand je l’ai lu pour la première fois, j’étais en bus voyageant dans les Andes de la Colombie en Amérique du Sud. Là, depuis les hauteurs des falaises assez vertigineuses, on voyait des villages dans la distance presque en dessous de nous ! Alors, pour éviter de regarder par la fenêtre du bus, je lisais cette poésie de St. Jean de la Croix. À la recherche de l’amour— à la recherche de Dieu— St. Jean de la Croix s’imagine comme un oiseau de proie. Il se décrit ainsi : J’ai volé si haut, si haut », et puis « quand je me suis abaissé… ah, si bas, c’est là où j’ai saisi la proie ». C’est alors en s’abaissant, en devenant le plus humble, qu’on saisit notre « proie » ; qu’on atteint la hauteur sublime de l’amour de Dieu.

Là, on voit chez St. Jean de la Croix, comme chez St. Matthieu, comme chez Isaïe, cet emploi du contraste. Il faut se reconnaître « si bas » pour atteindre ou pour connaître le plus « haut » de l’amour. Il faut se reconnaître comme le « pauvre mortel… le pauvre vermisseau » pour se reconnaître aimé de Dieu, envoyé en mission par Dieu— une mission du salut, une mission d’exaucer des prières— et sauvé par Dieu. Il faut se reconnaître indigne de cette mission, celle d’ailleurs de notre baptême, pour accomplir notre mission d’être, comme St. Jean le Baptiste, annonciateurs et prophètes du Christ.

Être humble, finalement, ce n’est pas le fait de se dire, « je n’ai aucun talent, rien à offrir ni au monde, ni à Dieu ; rien de bien en moi ». C’est, en revanche, reconnaître que tout le bien qui est en nous, tout le bien dans le monde, a été créé par Dieu, pour qu’on puisse à notre tour aller à la recherche dans ce monde de cet amour de Dieu et l’annoncer ; le prophétiser dans ce même monde. C’est en descendant « si bas », en devenant humble, qu’on pourra ensuite saisir notre « proie », l’amour de Dieu, en volant « si haut » qu’on accomplira notre mission de prophètes annonciateurs de cet amour.

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