Lectures du jour: Isaïe 41, 13-20; Psaume 144 (145), 1.9, 10-11, 12-13ab; Matthieu 11, 11-15
jeudi de la 2ème semaine de l’Avent
Cette homélie fut donnée à l’Église Saint Louis d’Antin, Paris, France.
This homily was given at Saint Louis d’Antin Church, Paris, France.
jeudi de la 2ème semaine de l’Avent
Cette homélie fut donnée à l’Église Saint Louis d’Antin, Paris, France.
This homily was given at Saint Louis d’Antin Church, Paris, France.
Quelle est l’utilité littéraire, mais aussi
pastorale, du contraste ? On reconnaît dans nos lectures d’aujourd’hui
l’utilisation par les auteurs bibliques de ce méthode de contraste, de faire la
comparaison entre des réalités opposées pour y ressortir une vérité spirituelle
profonde.
On entend, à travers le prophète Isaïe, Dieu qui
appelle Jacob « pauvre vermisseau », Israël « pauvre
mortel ». Dans notre Évangile, de St. Matthieu, le même personnage, Jean
le Baptiste, est en même temps en quelque sorte le plus grand « parmi ceux
qui sont nés d’une femme » et « le plus petit dans le royaume des
cieux ». Jean le Baptiste est en même temps en quelque sorte le nouveau
prophète, celui qui fait rappeler Élie de l’Ancien Testament ; celui qui
annonce l’avènement du Christ tout en reconnaissant à plusieurs reprises dans
les Évangiles comment il est indigne de cette mission.
Jean de la Croix, qu’on célèbre aujourd’hui,
aimait également employer cette méthode de contraste dans ces écrits. L’une de
ses poésies que j’aime en particulier, qui s’appelle « Je suis sorti à la
recherche de l’amour », est bien connue pour son emploi littéraire du
contraste. J’aime tant cette poésie surtout parce que, quand je l’ai lu pour la
première fois, j’étais en bus voyageant dans les Andes de la Colombie en
Amérique du Sud. Là, depuis les hauteurs des falaises assez vertigineuses, on
voyait des villages dans la distance presque en dessous de nous ! Alors,
pour éviter de regarder par la fenêtre du bus, je lisais cette poésie de St.
Jean de la Croix. À la recherche de l’amour— à la recherche de Dieu— St. Jean
de la Croix s’imagine comme un oiseau de proie. Il se décrit ainsi : J’ai
volé si haut, si haut », et puis « quand je me suis abaissé… ah, si
bas, c’est là où j’ai saisi la proie ». C’est alors en s’abaissant, en
devenant le plus humble, qu’on saisit notre « proie » ; qu’on
atteint la hauteur sublime de l’amour de Dieu.
Là, on voit chez St. Jean de la Croix, comme chez
St. Matthieu, comme chez Isaïe, cet emploi du contraste. Il faut se reconnaître
« si bas » pour atteindre ou pour connaître le plus
« haut » de l’amour. Il faut se reconnaître comme le « pauvre
mortel… le pauvre vermisseau » pour se reconnaître aimé de Dieu, envoyé en
mission par Dieu— une mission du salut, une mission d’exaucer des prières— et
sauvé par Dieu. Il faut se reconnaître indigne de cette mission, celle
d’ailleurs de notre baptême, pour accomplir notre mission d’être, comme St.
Jean le Baptiste, annonciateurs et prophètes du Christ.
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