Saturday, February 25, 2017

Homélie du samedi, 25 février 2017– de la férie

Samedi de la 7ème semaine du temps ordinaire

Lectures du jour: Ben Sira le Sage 17:1-15; Psaume 102 (103):13-14, 15-16, 17-18a; Marc 10:13-16

Comment caractériseront-nous les enfants ? Deux des premiers mots qui me viennent à l’esprit quand je pense aux enfants sont (très en général) innocents et vulnérables. N’est-il pas juste de penser aux enfants comme des personnes qui mettent nécessairement beaucoup de confiance en ceux qui leur en prennent soin : leurs parents, leurs enseignants à l’école peut-être, et même Dieu ?

C’est probable que c’est cette image d’innocence, de vulnérabilité et de confiance que Jésus a dans l’esprit quand il invite les enfants à venir à lui et les bénit, malgré l’opposition de ses disciples : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent ».

À un certain moment dans la vie, n’est-ce pas assez naturel pour la plupart d’entre nous, de laisser derrière nous l’innocence et la confiance dans les autorités qui marquent notre enfance ? Cela ne commence-t-il pas souvent à se passer dans une période pendant laquelle on est particulièrement vulnérables, c’est-à-dire l’adolescence ? Eh, bien, malgré notre vulnérabilité à cet âge-là, on peut commencer à se croire presque invincibles ! Je dis encore : cela est une étape très commune et naturelle dans la vie ; je ne dis pas tout ceci pour critiquer !

Cependant, à travers nos lectures d’aujourd’hui, Jésus et Ben Sira le Sage nous invitent de nous faire encore, d’une manière, comme des enfants, de nous vider de tout orgueil qui nous tente de croire que nous sommes autosuffisants. En vérité, et on le sait, on n’y peut rien sans Dieu. On n’aurait ni de vie, ni de chance à la vie éternelle, sans Dieu. L’appel de Jésus à nous, comme à ces premiers disciples, est assez radical : non seulement de ne pas faire obstacle aux enfants qui cherchent à venir à lui mais, nous aussi, de devenir comme ces enfants qui ont toute confiance en la bénédiction, en la vie maintenant et pour toujours qui nous donne le Seigneur et que nous n’aurions pas sans lui.

Le message de Ben Sira le Sage est similaire à celui de Jésus. Ben Sira le Sage nous rappelle le bien fondamental de notre création. Dieu nous à crée « à son image », avec la capacité du « jugement, une langue, des yeux, des oreilles, et un cœur pour réfléchir… de savoir et d’intelligence et la connaissance du bien et (du) mal ». En revanche, nous savons aussi que nous ne sommes pas des créatures infinies, que Dieu seul est infini. Nous avons été tirés « de la terre » et nous retournerons « à la terre ».

Qu’il est merveilleux, ce paradoxe de notre existence ! Nous sommes sublimement bons, crées à l’image de Dieu, mais en même temps notre vie est dépendante de notre créateur. On est alors invité à ne pas faire obstacle à ceux qui cherchent Dieu, qui cherchent enfin la vie éternelle, mais aussi de nous unir à ces personnes qui cherchent Dieu et son don de la vie éternelle ; à avoir la confiance des enfants en notre Dieu ; à nous vider de notre orgueil et de nos fausses croyances d’autosuffisance. C’est à ces innocents, vulnérables, et confiants enfants « le royaume de Dieu », et à tous d’entre nous « qui leur ressemblent ».

Tuesday, February 14, 2017

Homélie du lundi, 13 février 2017– de la férie

Lundi de la 6ème semaine du temps ordinaire

Lectures du jour: Genèse 4:1-15, 25; Psaume 49 (50):1, 5a, 7ac-8, 16bc-17, 20-21abc; Marc 8:11-13

Que peut-on dire à propos de la honte ? C’est un sentiment fort, la honte. Je ne sais pas si, dans notre société, on connaît la honte de même que dans certaines sociétés d’autrefois (surtout de l’époque biblique) et quelques sociétés d’aujourd’hui dans lesquelles notre honneur vient du respect des normes sociales, mais on peut être ostracisés, couverts de honte si jamais on agit contre ces normes.

On reconnaît peut-être aujourd’hui une forme de honte. Y a-t-il parmi nous quelques (ou plusieurs) personnes qui ont déjà ressenti la honte pour un péché qu’on a commis ? Cette honte nous ronge intérieurement. On se sent peut-être indigne de la miséricorde de Dieu ; de recevoir les sacrements : la communion ou même la réconciliation. De cette manière, la honte peut nous faire obstacle à une relation plus forte avec Dieu. Il nous faut souvent, je crois, l’invitation qui nous a exprimé déjà plusieurs fois le Pape François : « Dieu ne se lasse jamais de nous pardonner. Ce sont nous qui nous lassons de demander pardon ».

C’est cette honte, le fait de se lasser de demander le pardon, qui est la situation de Caïn dans notre lecture aujourd’hui de la Genèse après qu’il tue son frère Abel et qu’il se rend compte du tort qu’il a fait. Bien sûr, Caïn vit et maîtrise mal plusieurs émotions, avant et après son meurtre d’Abel. Caïn est jaloux que Dieu accepte le don d’Abel et non son don de ces récoltes. Cette jalousie lui amène à tuer son frère et, après avoir tué Abel, Caïn ne ressent ni immédatement la honte ni la tristesse.

Seulement après que Dieu le convainc de la gravité de son péché, Caïn commence à ressentir la honte. Nous venons d’écouter ce qu’il dit à Dieu à ce point : « Je dois me cacher loin de toi ». Caïn veut se cacher de Dieu parce qu’il a honte, mais là Dieu lui fait preuve de son pardon et de son soin par amour pour lui. L’amour de Dieu, pour Caïn comme pour nous, ne s’éfface pas par notre péché, peu importe sa gravité.

Comme Dieu fait avec Caïn, il le convainc de son péché non pour qu’il demeure dans la honte, mais pour qu’il puisse ressentir la tristesse pour son péché. Nos péchés et le péché du monde nous attristent quand nous y sommes conscients parce que notre conscience nous rappelle de la distance entre nous, en état de péché, et Dieu. En revanche cette tristesse, et non la honte, peut nous conduire au pardon.

À mon avis, c’est ce que Dieu apprend à Caïn, quand il lui répond, « Si quelqu’un tue Caïn, Caïn sera vengé sept fois ». N’ayez pas peur, dit notre Dieu. Même s’il faut que nous vivions avec les effets de nos péchés dans ce monde, nous sommes pardonnés, protégés, aimés. Autrement dit, « Dieu ne se lasse jamais de nous pardonner ». C’est à nous de ne pas nous lasser, ne pas nous abandonner à la honte, et de demander le pardon que Dieu nous offre gratuitement par amour.