Wednesday, May 2, 2018

Homélie du mercredi, 2 mai 2018– Mémoire de St. Athanase

Mercredi de la 5ème semaine du Temps Pascal

Lectures du jour: Actes des Apôtres 15, 1-6; Psaume 121 (122), 1-2, 3-4ab, 4cd-5; Jean 15, 1-8


Que signifie-t-il demeurer en quelqu’un ou quelque chose ? Dans notre Évangile de St. Jean aujourd’hui, Jésus n’emploie pas moins de huit fois ce verbe « demeurer ». Notre Seigneur nous donne l’image de sarments greffés à une vigne pour décrire notre relation avec lui : nous sommes les sarments ; le Christ est la vigne. Seulement si l’on reste greffés au Christ, si l’on « demeure en » lui et qu’il « demeure en » nous, pourrons-nous vivre et « porter du fruit ».

Pourtant, ce verbe « demeurer » n’est-il pas de toute façon bizarre à nos oreilles ? J’avoue que je suis fasciné par les sens et les origines des mots à travers plusieurs langues. On penserait peut-être que « demeurer » en français serait dérivé du latin, et on aurait raison, mais ce n’est pas ce verbe-là qui est utilisé dans la Vulgate, la traduction latine de notre Bible, dans l’Évangile selon St. Jean ! Le latin de ce passage, déjà une traduction du grec originel qui, en effet, emploie un verbe qui signifie bien « demeurer » dans le sens d’être chez soi— être, on pourrait dire, à domicile— utilise un autre mot qui signifie plutôt « demeurer » dans le sens d’un acteur qui reste sur scène durant les changements de scène. Ça devient assez compliqué !

On a alors souvent besoin d’images pour communiquer ce que les mots ne réussissent pas à nous communiquer. L’image des sarments greffés à la vigne nous communique le sens voulu par Jésus d’une « demeure » mutuelle, lui en nous et nous en lui. Dieu n’a pas besoin de nous pour exister, comme une vigne n’a pas besoin de sarments pour rester en vie. Si un sarment est malade ou ne porte pas de fruit, le vigneron peut l’enlever pour que la vigne consacre plus d’énergie aux sarments qui portent du fruit. En revanche, nous, les sarments, avons besoin d’être rejoints à la vigne, le Seigneur Jésus, pour vivre et pour réussir à porter du fruit.

Alors, si on s’imagine, d’après cette image de la vigne et de ses sarments, comme demeurant dans le Christ et par le Christ, comment pouvons-nous être les meilleurs sarments, porter le plus de fruit, possible ? Cette image de la vigne et des sarments fait défaut si l’on s’imagine comme des jolis sarments, bien greffés au Christ-vigne, mais passifs et autoréférentiels : « Regardez-moi, comment je suis un joli sarment » !

Une autre fausse image est celle qui en résulte de la confusion des coutumes ou des dévotions, qui seraient peut-être les feuilles sur les sarments, avec l’ensemble du sarment ou, pire, avec la vigne elle-même ! « Les apôtres et les Anciens » ont dû se réunir, on entend des Actes des Apôtres, pour corriger une tendance très tôt dans l’histoire de l’Église à comprendre la circoncision, essentielle à l’identité juive, comme aussi essentielle à l’identité chrétienne.

Un sarment sain n’est ni réductible à une partie de lui-même, ni confondu avec la vigne entière, mais s’étend aux terres lointaines pour attirer tout le monde à la vigne, le Christ, qui assure notre vie et que l’on porte le plus de fruit pour la vie éternelle.

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