Tuesday, February 27, 2018

Homélie du mardi, 27 février 2018– de la férie

Lundi de la 2ème semaine de Carême

Lectures du jour: Isaïe 1:10.16-20; Psaume 49 (50): 7ab.8, 13-14, 16bc-17, 21abc-23ab; Matthieu 23:1-12


Qu’est-ce que c’est l’humilité ? « Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé », Jésus dit « aux foules et à ses disciples » à la fin de notre Évangile d’aujourd’hui.

Mettons-nous à la place de ceux qui écoutaient Jésus ce jour-là. Peut-être qu’il y avait quelques scribes et pharisiens parmi eux ; on sait qu’il y avait des scribes et des pharisiens parmi les premiers disciples de Jésus, des personnes avec du pouvoir politique et religieux. En revanche, j’imagine que la plupart de l’audience de Jésus était des personnes simples et sans prétention. Plusieurs d’entre eux considéraient probablement les scribes et les pharisiens comme les plus saints parmi eux ; ceux qui connaissaient le mieux leur foi religieuse et qui étaient donnés la charge difficile de l’enseigner au peuple en la vivant. Pour cela, j’imagine qu’il y avait, parmi les foules et les disciples de Jésus qui l’écoutaient ce jour-là, plusieurs qui auraient été troublés, ou peut-être mis en colère par la force avec laquelle Jésus reprit les chefs religieux de l’époque.

Cette audience de Jésus aurait été mise au défi de comprendre que le premier but de Jésus dans l’épisode qu’on entend de St. Matthieu aujourd’hui n’était pas forcément de reprendre les scribes et les pharisiens pour l’écart entre leur enseignement et leur pratique de leur foi. Le but principal de Jésus était de rappeler aux foules et à ses propres disciples devant lui ce jour-là la vertu de l’humilité. Il est sous-entendu dans cet enseignement de Jésus que ceux qui se croyaient meilleurs que les scribes et les pharisiens dans la pratique de leur foi risquaient de ne pas connaître leurs propres défauts d’humilité. Ce même rappel est valide pour nous aujourd’hui, surtout pendant notre Carême. Jésus nous invite à reconnaître le défi de bien vivre l’humilité. Alors, que nous soyons ou pas des personnes avec du pouvoir politique ou religieux ; dans nos domiciles ou dans nos lieux de travail, comment pouvons-nous bien pratiquer l’humilité à laquelle Jésus nous appelle ?

L’humilité reconnaît non seulement nos faiblesses, nos défauts et nos péchés, mais aussi que nos succès et nos bons œuvres sont rendus possibles par la grâce de Dieu. Je suis attiré dernièrement par une litanie de prières qui se trouve dans notre bréviaire ; la Liturgie des heures, pour ceux qui la prient. On pourrait appeler cette prière notre « prière pour l’humilité », reconnaissant à la fois nos bons œuvres pour lesquels on rend grâce au Seigneur et nos défauts pour lesquels on demande pardon. Je partage alors un extrait de cette prière :

Créateur souverain, Tu nous as confié le monde. Pour tout progrès, merci. Pour toute lâcheté, pardon.

Tu nous as donné des compagnons de travail : pour les secours donnés et reçus, merci ; pour les malveillances et jalousies, pardon.

Tu nous as donnés des frères et sœurs : pour les témoignages d’affection, merci ; pour tout manque d’amour, pardon.

Tu nous as donné de rencontrer des inconnus ; pour les amitiés qui se sont nouées, merci ; pour nos indifférences, pardon.

Regarde avec bonté ceux qui sont morts de mort brutale ou dans l’isolement ; accueille-les dans le repos éternel.

Thursday, February 22, 2018

Homélie du lundi, 19 février 2018– de la férie

Lundi de la 1ère semaine de Carême

Lectures du jour: Lévites 19:1-2.11-18; Psaume 18b (19): 8, 9, 10, 15; Matthieu 25:31-46

Combien de fois entend-on des passages de l’Ancien Testament, et puis on reconnaît quelques mots ; une phrase ; un verset célèbre ? Ça nous arrive aujourd’hui, dans notre première lecture du livre des Lévites. Notre lecture finit par, « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis le Seigneur ».

Combien d’entre nous nous ont déjà dit, « Je reconnais ces mots-là. C’est Jésus qui les dit dans les Évangiles. Ce sont devenus partie du ‘premier et plus grand commandement’ de Jésus : ‘Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même’ ».

Jésus n’inventa pas de commandements ; il creuse sa propre tradition juive qui est l’origine de ce double commandement d’aimer Dieu et son prochain comme soi-même. Jésus, d’ailleurs, n’était pas le seul à nous rappeler ce commandement. Un contemporain juif de Jésus, le Rabbin Hillel, est réputé d’avoir été mis au défi par ces disciples, qui lui demandèrent s’il pouvait leur enseigner tout le Torah (la loi religieuse juive) en se tenant debout sur un pied. Alors le Rabbin Hillel se mit sur un pied et leur dit : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Ce qui est haineux envers toi-même, ne le faites pas envers ton prochain. Le reste du Torah s’agit des détails » !

Bien que Jésus n’inventât pas de nouveaux commandements, il aimait souvent, on peut dire, en « intensifier » certains. Eh, bien, on entend dans notre Évangile, de St. Matthieu, ce genre d’« intensification » d’un commandement, qui était assez typique du style d’enseignement de Jésus. Que signifie aimer son prochain comme soi-même ? Qui est notre prochain ? Ce commandement d’aimer son prochain comme soi-même, qui sous-entend qu’on aime Dieu de tout cœur si l’on s’aime comme ce commandement nous dit d’aimer, est à la fois l’un des règlements les plus simples et les plus difficiles à bien vivre de notre foi.

Qui est notre prochain, que le Seigneur nous commande d’aimer comme nous-mêmes ? Notre prochain est, avant tout, la personne la plus vulnérable ou la plus faible qu’on connaît. Notre prochain, c’est l’enfant dans le ventre de sa mère qui dépend de notre voix pour défendre son droit fondamental à la vie. Notre prochain, c’est la personne malade ou âgée menacée d’être rejeté à la solitude ; au désespoir ; à la mort. Notre prochain, c’est le pauvre, la personne sans domicile fixe, celui qui a faim. Notre prochain, c’est la personne qui n’est pas de notre foi religieuse. Notre prochain, c’est la personne méprisée pour des facteurs hors son contrôle ; qu’il n’a pas choisi. Notre prochain, c’est celui qui est menacé par la violence ; par la guerre. Notre prochain, c’est la personne en prison, coupable ou non.

« Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères (et sœurs), c’est à moi que vous l’avez fait », dit Jésus. Notre amour de votre prochain, des « plus petits », sera le point décisif de notre salut. Tu aimeras ton prochain comme toi-même, redit Jésus d’une manière approfondie et intensifiée, car je suis le Seigneur ».