Lectures du jour: 1 Timothée 1, 1-2.12-14; Psaume 100(101), 1-2ab, 2cd-3ab, 5, 6; Luc 7, 11-17
Mardi de la 24ème semaine du temps ordinaire
Mardi de la 24ème semaine du temps ordinaire
Cette homélie fut donnée à la chapelle de la Maison-Mère de la Congrégation de la Mission (Lazaristes), Paris, France.
This homily was given at the Congregation of the Mission (Vincentian) Motherhouse chapel, Paris, France.
Remarquons-nous quelque chose d’un peu étrange dans le comportement de
Jésus dans notre Évangile d’aujourd’hui ? On connait plusieurs instants
dans nos Évangiles où Jésus guérit des malades ou des possédés ou, comme dans
notre Évangile d’aujourd’hui, où il ressuscite même les morts. On pourrait dire
que c’est assez commun dans nos Évangiles que Jésus réalise ces genres de
miracles ; il n’est pas trop bizarre que Jésus guérisse les malades ou
même qu’il relève les morts.
Pourtant, on sait que, dans la pratique juive du temps de Jésus, on ne
touchait pas aux morts si on voulait se garder en pureté rituelle. Cependant, l’Évangile
de St. Luc fait exprès de nous dire que, quand Jésus rencontra la veuve de Naïm
et son fils unique, que l’on « emportait pour enterrer », Jésus
« toucha le cercueil » du jeune homme.
Jésus n’avait alors pas peur d’être considéré rituellement impure par le
peuple de Naïm (ou peut-être par ces propres disciples) qui avaient observé sa
ressuscitation du jeune homme. Quant à ceux de Naïm qui avaient vu ce miracle,
ils semblent de bien percevoir que Dieu avait « visité son peuple »,
mais quand même St. Luc nous dit qu’ils avaient peur après que Jésus ressuscita
l’homme de la mort ; on entend que « la crainte s’empara de
tous ».
On a peut-être de la difficulté à imaginer pourquoi les habitants de Naïm
auraient réagi de même en observant la ressuscitation du jeune homme par Jésus.
Notre culture et, encore plus, notre Église, valorise des œuvres de miséricorde
envers les malades et les décédés. Assister les malades et ensevelir les morts
en sont deux des sept œuvres de miséricorde corporelle reconnus par notre
Église.
On n’a pas les mêmes règles de pureté rituelle qu’avaient les juifs de
l’époque de Jésus. Cependant, notre Évangile d’aujourd’hui peut-il servir de
rappel pour nous d’aller rencontrer ceux et celles qui ont besoin de notre
service, de notre miséricorde, de notre Évangile qui n’est pas seulement un
texte dans un livre, mais vivant à travers nos actions animées par notre foi
chrétienne ? Le Pape François l’avait bien dit dans son exhortation
apostolique Evangelii Gaudium de
2013 : « je préfère une Église
accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une
Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres
sécurités ».
Dernièrement,
lors de sa visite en Colombie, le Pape François nous a donné une image
puissante du type d’Église qu’il veut. Il était en train d’accueillir des
enfants depuis sa voiture quand la voiture freina assez brusquement, blessant
légèrement le pape à la figure. C’est là, le pape et certains journalistes
disaient avec un peu d’humour sur cet incident, la figure de l’« Église
accidentée, blessée et sale » parce qu’elle n’est pas enfermée sur
elle-même, mais elle est « sortie par les chemins » pour servir avec
miséricorde et bonté.
Le
Pape François, un peu comme Jésus avant lui en osant le contact physique avec
un mort, en osant être considéré comme impure ; sale, nous encourage donc
d’agir de la même manière. Connaissant le risque de nous aussi nous retrouver
« accidentés, blessés et sales », sortons néanmoins « par les
chemins » de la miséricorde envers nos sœurs et frères qui sont en besoin.