Lectures du jour: 2 Samuel 24, 2.9-17; Psaume 31 (32), 1.2, 5, 6, 7; Marc 6, 1-6
jeudi de la 4ème semaine du Temps Ordinaire
Cette homélie fut donnée à la Maison Mère des Lazaristes, Chapelle St. Vincent de Paul, Paris, France.
This homily was given at the Vincentian Motherhouse’s St. Vincent de Paul Chapel, Paris, France.
jeudi de la 4ème semaine du Temps Ordinaire
Cette homélie fut donnée à la Maison Mère des Lazaristes, Chapelle St. Vincent de Paul, Paris, France.
This homily was given at the Vincentian Motherhouse’s St. Vincent de Paul Chapel, Paris, France.
A-t-on jamais souffert les effets du péché d’un
autre, ou bien, même si l’on n’aime peut-être pas penser à cela, a-t-on déjà
blessé quelqu’un d’innocent par notre péché ? Quel que soit le cas, qu’on
ait blessé quelqu’un d’innocent par notre péché ou qu’on ait été blessé par le
péché d’une autre personne, bien qu’on soit innocent, ces instants ne nous
ont-ils pas amenés à nous poser la question : pourquoi les innocents
souffrent-ils les effets du péché ?
C’est bien la question du roi David à la fin de
notre lecture d’aujourd’hui du deuxième livre de Samuel. Bien sûr, c’est David
qui pèche en recensant le peuple d’Israël. Pourquoi son recensement du peuple
d’Israël est-il si mauvais ? L’état actuel ne recense-t-il pas
périodiquement la population de la France, par exemple, sans que ce soit mauvais ? Alors comprenons le recensement d’Israël par
David dans le contexte de la promesse de Dieu à Abraham de lui donner des
descendants « aussi nombreux que les étoiles et les graines de sable des
bords de la mer ». Essayer de dénombrer cet infini est, dans ce contexte
biblique, une tentative de David de se mettre à la place de Dieu. On peut alors
comprendre son recensement comme un acte d’idolâtrie.
De toute façon, David se repentit de son péché,
comme il le fait souvent, étant en même temps l’un des pires pêcheurs et l’un
des meilleurs et plus fréquents pénitents de la Bible. En revanche, même si
David se repentit, il doit encore y avoir des conséquences de son péché, mais
pourquoi le peuple innocent d’Israël subit-il la peste, la conséquence du péché
de son roi, David ?
David lui-même pose cette question à Dieu :
« C’est moi qui ai péché, c’est moi qui suis
coupable ; mais ceux-là, le troupeau, qu’ont-ils fait » ? La
manière dont Dieu répond à cette question de David est aussi importante que la
question elle-même : Dieu répond à David avec miséricorde à la fois pour
le peuple d’Israël et pour David lui-même.
J’admets que c’est difficile à comprendre comment
la peste que Dieu permet d’affecter le peuple d’Israël peut être interprété
comme un acte miséricordieux. On rencontre ici, comme à plusieurs reprises dans
la Bible, la tension entre la justice et la miséricorde de Dieu. La justice
assure qu’il ait des conséquences de notre péché, tandis que la miséricorde met
des limites sur cette justice. Dans le cas du recensement de David, Dieu arrête
l’ange avant qu’il détruise Jérusalem.
Cette relation entre justice et miséricorde est
importante pour nous, de façon qu’on connaisse que notre péché entraîne des
conséquences ; ça peut nous faire souffrir, mais aussi faire souffrir
notre prochain et peut-être même des personnes qu’on aurait pensé être plus
loin du péché et de ses effets. Dans l’autre sens, quand quelqu’un pêche contre
nous ; quand on est blessé, l’épisode d’aujourd’hui suite au recensement
de David peut nous faire rappeler notre devoir d’agir avec miséricorde ; de
mettre les freins sur nos désirs de la justice avant qu’ils deviennent de la
vengeance ; avant que nous péchions nous-mêmes en réponse à un péché
contre nous ; avant que nous présumions de nous mettre à la place de Dieu,
qui est juste bien sûr, mais qui est en même temps miséricordieux.